Embrassant le ciel en direction des majestueux nuages de Magellan, on rencontre une étrange formation, le courant de Magellan. L’origine de ce courant gazeux reste indéterminée, mais détient certainement les clés de l’origine et du destin des plus célèbres satellites de la Voie lactée, le Petit et le Grand nuages de Magellan. Jusqu’à il y a peu, deux hypothèses étaient envisagées. La première postulait que le courant soit en fait formé de gaz arraché à ces galaxies tandis qu’elles passèrent jadis au travers du halo de la Voie lactée. La seconde posait plus classiquement que le courant était tout simplement dû au différentiel de potentiel gravitationnel, largement en faveur de la Voie lactée. Cependant tout récemment, des images radio à grand angle, dont celles du télescope Byrd Green Bank, ont montré que le courant de Magellan est à la fois plus étendu et plus ancien qu’on ne le pensait jusqu’à présent. Sa formation pourrait en effet remonter jusqu’à 2,5 milliards d’années. Ces récentes observations viennent étayer un troisième scénario pour expliquer la genèse du courant : le Grand et le Petit nuage de Magellan seraient jadis passés si près l’un de l’autre que des effets de marée gravitationnelle auraient déclenché un épisode de flambée d’étoiles dont le courant serait le reliquat. L’image d’aujourd’hui nous présente une superposition numérique de l’émission radio du courant de Magellan (en rose) sur une image de tout le ciel en lumière visible. Ce montage permet de voir que le courant s’étend en réalité sur la majeure partie du ciel austral et prend sa source au niveau des deux nuages de Magellan, les deux taches blanchâtres dans la partie droite du courant.