Adieu l’AMIE, on t’aimait bien

article de Didier Jamet
2 SEPTEMBRE 2006

La zone d\'impact de SMART 1 photographiée par elle-même grâce à sa caméra AMIE
La zone d'impact de SMART 1 photographiée par elle-même grâce à sa caméra AMIE

ESA

Après trois ans passés dans l’espace, SMART-1 s’écrasera sur la Lune au matin du 3 septembre 2006. Ce final flamboyant devrait permettre aux scientifiques de mieux connaître la composition chimique du sol lunaire au point d’impact. Bien que plusieurs gros télescopes soient braqués sur notre satellite pour y observer sa chute, SMART 1 ne sera jamais si bien servie que par AMIE, la petite caméra de la sonde.

En effet, grâce à sa trajectoire rasante la caméra pourra prendre des photos avec un angle permettant une reconstruction tridimensionnelle de lieux qui, jusqu’à présent, n’avaient été photographiés que verticalement.

L’impact par lui-même n’aura rien de spectaculaire vu depuis la Terre (et surtout pas depuis l’Europe, où la Lune sera couchée depuis belle lurette), puisque la meilleure visibilité attendue n’excède pas la 7eme magnitude, soit largement inaccessible à l’œil nu.

AMIE a produit une base de données de plus de 20.000 photos de la Lune

Les images d’AMIE seront les dernières d’une mission particulièrement réussie. " AMIE s’est parfaitement comportée. Initialement la caméra devait prendre quatre clichés par orbite, mais en réduisant l’apolune de 10.000 km à 2.500 km, l’ESA nous a permis de prendre beaucoup plus de clichés que ce qui était prévu ", explique Jean-Luc Josset le directeur de l’Institut pour l’Exploration Spatiale (SPACE-X), responsable scientifique de la caméra.

" En moyenne, AMIE a pris 25 clichés par orbite, constituant une base de données de plus de 20.000 photos. Elle a également travaillé dans plusieurs modes d’observation, comme le mode spot pointing par exemple, où en prenant le même lieu sous différents angles, il permet d’étudier la photométrie de surface de ce lieu, ou encore en mode push broom où en scannant la surface avec différents filtres, il est possible d’analyser la minéralogie de cette surface. AMIE a aussi participé à des observations inédites de la face cachée de la lune. Les acquisitions sont maintenant terminées, la science peut commencer ", ajoute Jean-Luc Josset.

En effet, toutes les équipes européennes impliquées dans la mission SMART-1 ont leur spécialité, étude des couleurs, analyse de la vision en stéréo, minéralogie, géologie ou encore topographie en trois dimensions. L’institut Neuchâtelois s’attellera spécialement au décryptage des photos des pôles pour en établir une cartographie précise. Cette cartographie est fondamentale dans la perspective de futures missions lunaires permanentes ou de longue durée.

AMIE a effectivement mis en évidence des endroits illuminés sans interruption, idéaux pour la production d’énergie solaire, d’autres d’où la terre est visible en permanence, parfaits pour la transmission de données. AMIE a également trouvé des lieux qui sont toujours à l’ombre où les chercheurs pourraient étudier la glace susceptible de s’y trouver.

" AMIE s’est parfaitement comportée, elle a résisté aux radiations et aux chocs thermiques, nous avons acquis une grande expérience du point de vue scientifique, technique, informatique et bien sur humain. C’est de bon augure pour les futures missions de l’ESA Bepi Colombo sur Mercure, et Exo Mars sur la recherche de vie passée ou présente sur Mars ", conclut Jean-Luc Josset.

agence spatiale européenne | composition chimique | conquête spatiale | agence spatiale européenne | composition chimique | conquête spatiale | énergie