Le testament d'ISON

article de Didier Jamet
15 JANVIER 2014

Des Léonides de novembre, plus classiques celles-là, excitent la curiosité du chien Leica, lointain avatar de l\'infortunée pionnière de la conquête spatiale.
Des Léonides de novembre, plus classiques celles-là, excitent la curiosité du chien Leica, lointain avatar de l'infortunée pionnière de la conquête spatiale.

Juan Carlos Casado et Isabel Graboleda

Avant sa disparition en décembre dernier, la comète ISON nous aurait-elle laissé en héritage une pluie d'étoiles filantes ? Avouons-le d'emblée, la probabilité est très faible. Mais nous devrions cependant être quelques-uns à tenter de nous en assurer cette nuit.

L'hypothèse a vu le jour au printemps dernier. En regardant la trajectoire de la comète ISON tandis qu'elle devait passer non loin de l'orbite terrestre en novembre 2013, et en modélisant les possibles déplacements ultérieurs de son panache de poussière sous l'effet de la pression de radiation solaire, Paul Wiegert, un chercheur expérimenté de l'université d'Ontario Occidental, est parvenu à faire coïncider certains d'entre eux avec la trajectoire de notre planète.

En rapprochant ce résultat d'une autre donnée, celle de la quantité de poussière que libérait ISON en janvier 2013 (plus de 50 tonnes par minute !), il est arrivé assez naturellement à la conclusion selon laquelle notre planète pourrait connaître aux alentours du 15 janvier une abondante pluie de poussières cométaires si elle venait effectivement à croiser un de ces panaches de débris.

Avant d'attraper froid en passant la nuit dehors au mois de décembre à attendre une hypothétique pluie d'étoiles filantes, il convient de noter un détail qui a son importance et que Wiegert n'avait pas manqué de signaler lors de la parution de son étude : les poussières libérées par ISON présentent la particularité d'être en moyenne extrêmement petites, de l'ordre de quelques microns (un micron = un millionième de mètre, ou encore un millième de millimètre !). Cette taille lilliputienne ne leur permettra pas, pour la plupart, de se consumer dans l'atmosphère, mais elles pourraient cependant ensemencer des nuages noctulescents. Autre circonstance défavorable, nous sommes en période de pleine lune, et quand bien même des étoiles filantes seraient présentes, une bonne partie d'entre elles ne pourraient rivaliser avec l'éclat de notre satellite naturel.

Reste que dans les quelque 50 tonnes de poussières que crachait chaque minute ISON, il serait vraiment très étrange que, connaissant la nature de « boule de neige sale » des comètes, agrégats de toutes sortes de roches, quelques morceaux nettement plus gros que la moyenne n'aient pas profité de l'aubaine pour partir eux aussi en vadrouille dans le système solaire. Ce sont ces pépites qui pourraient assurer le spectacle cette nuit.

Concrètement, si pluie d'étoiles filantes il devait avoir lieu, elle semblerait provenir de la constellation du Lion, et en particulier d'Eta Leonis, étoile formant le poitrail du fier animal.

Si sous nos latitudes européennes, Eta Leonis atteint dès 22h30 24° de hauteur, pile au-dessus de l'est, elle culminera dans le ciel vers 3h du matin, heure qui devrait donc permettre de maximiser les chances d'observer un de ces, rappelons le encore une fois, peu probables météores.

Avec une vitesse théorique comprise entre 51 et 56 kilomètres par seconde, ces météores devraient avoir une durée typique d'illumination d'une seconde avant de disparaître, les éventuels plus gros spécimens pouvant naturellement nous gratifier de superbes bolides un peu plus endurants.

Alors, ce testament d'ISON, ironique page blanche de la couleur des petits matins blèmes, ou pluie de diamants lumineux ? Si vous aussi vous souhaitez tenter cette observation en bravant le froid, la pluie et le sommeil, n'hésitez pas venir partager vos témoignages sur notre page Facebook !

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