Interstellar, cap sur la 3e vitesse cosmique

article de Didier Jamet
10 NOVEMBRE 2014

L\'humanité est née sur Terre, mais elle n\'est pas obligée d\'y mourir
L'humanité est née sur Terre, mais elle n'est pas obligée d'y mourir

Syncopy Films/ Lynda Obst Productions

Interstellar est un film parfaitement inactuel. D'une exquise lenteur, offrant de nombreux plans dont la durée excède les 5 secondes, il frise aussi l'incorrection politique en faisant tout à la fois l'apologie de la vitesse, de l'intuition et de la prise de risque. Autant vous dire que je l'ai adoré.

D'abord, dissipons tout de suite un possible malentendu : Interstellar n'est que très marginalement un film de science-fiction se déroulant dans l'espace. Si vous avez aimé Apollo 13 et 2001 Odyssée de l'espace, vous éprouverez certes une agréable impression de déjà-vu, mais absolument rien de transcendant par rapport à ces chefs-d'oeuvre. Avec Christopher Nolan, on est plus dans la citation respectueuse que dans la transgression à tout prix. Ce qui est certain, c'est qu'à aucun moment vous ne serez transporté sur la Pandora de Danse avec les Schtroumpfs géants 3D, oh pardon ! je voulais bien sûr dire Avatar.

Ce qu'Interstellar est vraiment, c'est une allégorie de la destinée de l'espèce humaine, de sa soif de découverte jamais apaisée et de la terrible et fantastique chance qu'elle a d'avoir conscience d'elle-même, de ses responsabilités et de sa possible finitude. À ce titre, j'ai été assez navré de constater que certains scientifiques, dont j'apprécie en général le travail de vulgarisation, se soient lancés dans un démontage en règle (et parfois erroné, mais du moins

celui-ci a-t-il le mérite de le reconnaître) de ce film sous l'aspect de ses approximations scientifiques ou de ses invraisemblances. Hé les gars, on parle de voyages dans l'espace au travers de trous de vers et de trous noirs ! C'est, en effet, très audacieux comme scénario, du moins en l'état actuel de nos connaissances sur ces objets ! Mais ce n'est bien sûr qu'un prétexte, un alibi pour parler d'autre chose. Bref, comme nous l'indiquions plus haut,

une allégorie.

Vous ne comprendrez sans doute pas tout à Interstellar, film ambitieux qui ose parler à son public de relativité et de topologie de l'Univers, mais il y a à mon humble avis trois leçons principales à retenir de cette oeuvre.

La première, c'est la tirade de Cooper sur le fait que lorsqu'il était jeune, il regardait les étoiles avec le sentiment qu'il en faisait partie, alors que des années plus tard, passé du statut d'astronaute à celui d'agriculteur intensif au sein d'une société désabusée et réduite à la survie, il ne regardait plus que la poussière avec la crainte d'en faire bientôt partie. N'oubliez jamais, chaque fois que vous le pouvez, quelle que soit votre condition et votre niveau de bonheur ou d'affliction, de regarder vers le ciel et de contempler les étoiles. C'est vraiment de là qu'est venu chaque atome qui constitue votre corps. Et c'est encore là que notre espèce sera fatalement obligée de retourner un jour si elle veut vivre au-delà de ce que le Soleil peut encore briller. En vérité, tous nos efforts à l'échelle mondiale devraient tendre vers cette unique échappatoire. Je n'ai pas la moindre idée de comment nous y arriverons, mais nous y arriverons. Comme le dit Cooper à un moment crucial de l'action, « ce n'est pas possible, c'est nécessaire. »

La deuxième leçon, c'est que la prochaine fois qu'une bonne âme viendra vous parler de « l'argent foutu en l'air pour les programmes spatiaux alors qu'il y a des gens qui crèvent de faim », vous lui demanderez si elle ou un membre de sa famille a déjà passé une IRM, est sous dialyse ou a pu bénéficier d'une détection précoce d'une tumeur cancéreuse. Si c'est le cas, vous pourrez alors convenir avec elle que, en effet, l'impact des sciences spatiales sur l'évolution du Q.I. moyen de l'espèce peut faire débat.

La troisième leçon est en fait une loi, la troisième loi de Newton, comprise ici dans un sens très large et qu'on pourrait résumer ainsi : on n'a rien sans rien, et il faut parfois savoir se défaire de choses qui nous paraissent importantes pour continuer à aller de l'avant, même, et surtout, si ça fait mal.

Interstellar est un film prophétique qui, sous couvert d'apocalypse, nous annonce de bonnes nouvelles. Les générations qui nous succéderont les verront un jour se concrétiser, pourvu que nous ayons su entretenir et leur transmettre la petite flamme porteuse de tant d'espoirs qu'un de nos lointains ancêtres fit jadis jaillir au coeur des ténèbres. Ne le manquez pas.

Et vous, vous avez adoré ou détesté ce film ? N'hésitez pas à laisser vos commentaires ci-dessous ou à venir en discuter sur notre page Facebook.

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