Halloween, une étape sur le chemin du solstice

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
27 OCTOBRE 2005

Mars au-dessus de Payson, Arizona, le 25 octobre 2005
Mars au-dessus de Payson, Arizona, le 25 octobre 2005

Chris Shur

Depuis quelques années, la fête d’Halloween tente de prendre pied en France, avec un succès inégal. Mais avant que les marchands du temple ne la dénaturent en vaste kermesse commerciale, vous êtes-vous jamais demandé quelle était sa véritable origine ? Pour mieux le comprendre, remontons ensemble le chemin des étoiles, entre équinoxe et solstice, où les celtes avaient pour coutume de faire débuter l’année.

Selon la fédération américaine du commerce de détail, la panoplie qui a le mieux marché pour Halloween l’an dernier, c’était celle de Spiderman, talonnée par l’inévitable costume de princesse. Puis venaient les tout aussi traditionnels sorcières et vampires. Bob l’éponge, Barbie et Harry Potter fermaient honorablement la marche des meilleures ventes.

Jusqu’ici, rien d’anormal. Mais si vous passez en revue la liste complète des déguisements, vous y constaterez une anomalie flagrante : il n’y figure aucun astronome. Pas le moindre Sagan, aucun Galilée, et pas plus d’Hubble que de beurre en broche. Pourquoi est-ce une anomalie ? Figurez-vous qu’Halloween est une fête dont l’origine est clairement liée à la marche des astres dans le ciel.

Halloween est une date située à la croisée de deux phénomènes marquants pour les sociétés primitives : elle se trouve presque exactement au beau milieu de l’intervalle de temps qui sépare l’équinoxe d’automne du solstice d’hiver. On peut d’ailleurs repérer quatre autres dates dans le calendrier, toutes associées à des fêtes populaires : l’américain « jour de la marmotte », qui correspond à notre chandeleur, le 1er mai, le « jour de Lammas » (le 1er août), et Halloween.

Au cinquième siècle avant notre Ere, « les Celtes des îles britanniques utilisaient ces jours médians pour marquer le début des saisons » nous apprend John Mosley de l’observatoire Griggith, à Los Angeles. « pour les Celtes, l’hiver ne commençait pas le 21 décembre mais à Halloween, à une date qui correspond au 31 octobre de notre calendrier. Ils ne l’appelaient d’ailleurs pas Halloween mais « Samhain ». Dans la tradition celtique, Halloween marque la transition entre été et hiver, ombre et lumière, et vie à trépas. »

« Durant cette nuit magique, selon la tradition, ceux qui étaient morts dans l’année écoulée revenaient chez eux pour une dernière visite. Les vivants leur préparaient alors des offrandes et allumaient des flambeaux et des lanternes pour aider les morts à trouver leur chemin. Mais ils restaient bien attentifs à ne pas se laisser prendre aux tours malicieux de quelque esprit malveillant. »

Et c’est ainsi qu’un phénomène de nature astronomique devint une fête macabre. À vrai dire, ce n’est pas la première fois. N’avez-vous jamais entendu parler de la légende qui veut que les comètes soient de funestes présages ? Où que la pleine Lune réveille les Loups-Garous ?... Astronomie et superstition sont de vieux complices...

Il se trouve que cette année, Halloween aura une signification astronomique supplémentaire :

Le 31 octobre 2005, la planète Mars sera au plus près de la Terre qu’elle ne le sera lors des 13 prochaines années. (13 ans ? Croisez les doigts pour conjurer le mauvais sort !)

Pour être exact, le moment précis auquel Mars sera la plus proche de la Terre se situera le 30 octobre, soit la veille d’Halloween. Mais la différence sera imperceptible.

Vous apercevrez Mars plein est, peu après le coucher du Soleil. Il se trouve qu’elle a un magnifique éclat orangé qui n’est pas sans rappeler une citrouille ! Elle est si brillante que vous ne pourrez pas la rater, même au coeur des villes.

À minuit, elle culminera dans le ciel et ne se couchera pas de la nuit. Halloween 2005 sera clairement placé sous le signe de Mars.

Mars est tellement proche (seulement 69 millions de km de distance, ce qui est réellement très près à l’échelle du système solaire) qu’elle sera spectaculaire vue au télescope. Dernièrement, des astronomes amateurs sont même parvenus à observer des tempêtes de poussière tourbillonnant sur la planète rouge. Et ils ont également vu des nuages d’un bleu glacial s’accumuler au-dessus du pôle nord martien, où c’est actuellement l’hiver. Ils ont ainsi pu photographier et dessiner d’étranges marques sombres qui tapissent actuellement la surface de la planète.

Aussi, et sans que ce soit une attaque personnelle contre Spiderman, vous pourriez peut-être troquer votre panoplie d’homme-araignée contre un télescope. C’est Halloween après tout...

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