SN 2006 gy, la plus brillante supernova jamais observée

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
8 MAI 2007

Vue d\'artiste de la supernova SN 2006gy

Si l’on en croit les observations du télescope spatial Chandra jointes à celles d’observatoires terrestres, la plus brillante explosion stellaire jamais enregistrée pourrait être un nouveau type de supernova pronostiqué de longue date. Cette découverte permet de penser que les explosions violentes d’étoiles extrêmement massives étaient relativement courantes durant la prime jeunesse de l’Univers, et qu’une explosion similaire pourrait être sur le point de se produire dans notre propre galaxie.

" Ce fut une explosion réellement monstrueuse, une centaine de fois plus énergétique qu’une supernova typique " affirme Nathan Smith de l’Université de Californie à Berkeley, qui a dirigé une équipe d’astronomes californiens et de l’Université du Texas à Austin. " Cela signifie que l’étoile qui a explosé pourrait bien avoir été aussi massive qu’une étoile peut l’être, avec une masse équivalant à celle de 150 soleils. Nous n’avons jamais rien observé de tel auparavant. "

Les astronomes pensent qu’une large proportion des premières étoiles de l’Univers étaient aussi massives, et cette nouvelle supernova pourrait être un aperçu inédit de la façon dont ces étoiles de première génération sont mortes. Il est sans précédent de pouvoir observer la mort d’une étoile de cette masse. La découverte de cette supernova, connue sous le nom de SN 2006gy, fournit des indices sur le fait que la mort des étoiles aussi massives est fondamentalement différente de ce que la théorie prévoyait.

" De toutes les explosions d’étoiles que nous avons pu observer, celle-ci était la reine " insiste Alex Filippenko, qui a dirigé les observations depuis le sol menées à l’observatoire Lick du Mont Hamilton, en Californie, et à l’observatoire Keck de Mauna Kea à Hawaii. " Nous avons été stupéfaits de voir à quel point elle a brillé, et si longtemps ".

Les observations de Chandra ont quant à elles permis à l’équipe d’éliminer l’alternative la plus probable à l’hypothèse d’une étoile super massive : il a été montré qu’une naine blanche avec une masse à peine supérieure à celle du Soleil qui aurait explosé dans un environnement riche en hydrogène aurait due être 1000 fois plus brillante en rayons X qu’il n’a été observé.

" Cela nous offre de très fortes présomptions sur le fait que SN 2006gy était bien la mort d’une étoile extrêmement massive " résume Dave Pooley, lui aussi de Berkeley, qui a dirigé les observations de Chandra.

L’étoile qui a produit SN 2006gy a apparemment expulsé une vaste quantité de matière avant d’exposer. Cette perte de substance est semblable à celle vue dans les parages d’Eta Carinae, une étoile massive de notre galaxie, faisant monter les suspicions sur le fait qu’Eta Carinae pourrait bien être sur le point d’exploser en supernova.

Bien que SN 2006gy soit intrinsèquement la plus brillante des supernovae jamais observées, elle se trouve dans la galaxie NGC 1260, à 240 millions d’années-lumière de nous. À contrario, Eta Carinae ne se trouve qu’à 7500 années-lumière de la Terre, dans notre propre galaxie, la Voie Lactée.

" Nous ne pouvons pas dire avec certitude si Eta Carinae va bientôt exploser ou non , mais nous ferions bien de garder un oeil sur elle au cas où " recommande Mario Livio, de l’institut scientifique du télescope spatial de Baltinore, qui n’a pas pris part à ces recherches. " L’explosion d’Eta Carinae pourrait bien se révéler comme le plus spectaculaire spectacle céleste des temps modernes ".

Les supernovae se produisent généralement lorsque les étoiles massives ont épuisé leur carburant et s’effondrent sous leur propre poids. Cependant dans le cas de SN 2006gy, les astronomes pensent qu’une cause très différente aurait pu déclencher l’explosion. Sous certaines conditions, le noyau d’une étoile massive produirait tant de rayons gamma qu’une partie de l’énergie de ce rayonnement se convertirait en paires de particules et d’anti-particules. La chute d’énergie qui s’ensuivrait provoquerait l’effondrement de l’étoile sous sa propre gravité.

Après ce violent effondrement, des réactions thermonucléaires se succèderaient en cascade menant à l’explosion de l’étoile et à la dispersion de ses restes dans l’espace. Les données de SN 2006gy suggèrent que les spectaculaires supernovae des premières étoiles auraient plus souvent conduit à la dispersion de leur restes qu’on ne le pensait, le scénario privilégié jusqu’alors étant celui de la formation systématique de trous noirs.

" Si on s’intéresse à la question de l’influence de ces évènements sur le jeune univers, la différence entre les deux scénarios n’est pas neutre " fait remarquer Smith. " Dans un cas, on ensemence l’Univers avec de vastes quantités d’éléments nouvellement forgés, et dans l’autre on les enferme à tout jamais dans un trou noir ".

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