article de Didier Jamet
15 OCTOBRE 2003
C’est quelques secondes seulement après l’heure prévue (1 :00 GMT) que la fusée longue marche 2F s’est élancée vers le ciel, mettant en orbite le premier "Yuhangyuan", voyageur de l'espace en chinois. Yang Liwei, c’est son nom, ne redescendra qu’une vingtaine d’heures plus tard, après avoir accompli 14 révolutions autour de la Terre.
Le lieutenant-colonel Yang Liwei est âgé de 38 ans Originaire du nord est de la Chine, Il s’est engagé à 18 ans (1983) dans l'Armée populaire de Libération (APL) de Chine où il a reçu une formation de pilote de chasse (1987). En 1998, il intégrait la première sélection d’astronautes chinois du projet 921 Shenzhou, composée de 14 membres (liste complète dans le numéro d’ ESPACE Magazine actuellement en kiosque).
Yang Liwei a déclaré se sentir parfaitement bien dans l'espace, et a confirmé la bonne marche de la capsule Shenzhou 5.
Ce remarquable succès, le jour dit et à l'heure dite, témoigne de la grande maîtrise acquise par les ingénieurs chinois dans le domaine du lancement, et lève également un coin du voile sur les ambitions de ce nouveau "Dragon" de la conquête spatiale.
42 ans après les Russes, la Chine accède ainsi au club très fermé des nations capables de positionner un de leurs ressortissants en orbite par ses propres moyens.
Si l’Europe est aujourd’hui incontestablement une grande puissance spatiale, elle n’a jusqu’à présent pas cru à la nécessité de développer un accès indépendant au vol habité. C’est sans doute méconnaître la formidable part de rêve dont les astronautes sont porteurs, et dont vont bénéficier à plein les dirigeants chinois après ce succès.
Constantin Tsiolkovski, le père de l’astronautique Russe, a eu, pour démontrer tous les enjeux de la conquête spatiale, cette superbe formule : "La Terre est le berceau de l’humanité. Mais on ne passe pas toute sa vie au berceau ". Après le triomphe chinois, qu’il nous soit ici permis de demander si l’Europe est seulement née un jour.
