article de Didier Jamet
7 JANVIER 2004
18 Scorpii, qui comme son nom l’indique se trouve dans la constellation du Scorpion, est une étoile remarquablement similaire à notre propre Soleil. Âge, masse, température de surface, rayon, tout y est. La ressemblance va-t-elle jusqu’à la présence dans les environs d’une étonnante petite planète bleue pleine de charme et de vie ?
À vrai dire, la question présente aujourd’hui un intérêt plus philosophique que scientifique. D’abord, elle se trouve tout de même à 46 années-lumière de nous. Si des êtres intelligents autour de 18 Scorpii avaient tourné leurs récepteurs radio vers la Terre en octobre dernier, ils auraient appris que les Terriens viennent de placer le premier satellite en orbite autour de la Terre, Spoutnik 1…. Pas ce qu’on fait de mieux comme nouvelles fraîches, et le télégramme de félicitation mettrait autant de temps à parvenir au premier secrétaire du parti communiste d’Union Soviétique…
De plus, sans aller jusqu’à imaginer la présence d’une civilisation technologique autour de 18 Scorpii, si elle possédait ne serait-ce qu’un cortège planétaire, nous ne pourrions en déceler que les plus massifs représentants, Jupiter par exemple, et ce au bout de plusieurs dizaines d’années d’observation. Les techniques actuellement à notre disposition ne permettent pas de faire mieux. Mais dès l’an prochain, et la mise en service du satellite Corot, fort heureusement sauvé des périls budgétaires qui l’ont un temps menacé, les choses pourraient rapidement changer. Corot devrait pouvoir détecter des planètes de l’ordre de 5 masses terrestres, soit des planètes encore solides, où la vie aurait pu s’établir et prospérer, et dont les modèles de formation planétaire actuellement envisagés autorisent l’existence.
Mais bien sûr, après avoir détecté un frère jumeau du Soleil, c’est une exacte jumelle de la Terre que les chercheurs souhaiteraient découvrir. La technologie existe, et il ne coûterait pas plus de 200 millions d’euros pour la mettre en œuvre au travers de la mission Eddington.
Malheureusement, la dernière réunion du comité du programme scientifique de l’agence spatiale européenne en a décidé autrement en novembre dernier, abandonnant cette prometteuse perspective de recherche à nos amis américains et à leur projet concurrent, Kepler.
À l’heure où la Nasa savoure son triomphe sur Mars avec les extraordinaires images de Spirit alors que Beagle 2 reste désespérément muet, on voudrait croire à un sursaut d’orgueil européen qui permettrait de tourner le dos à cette politique de l'éternel renoncement.