article de Didier Jamet
7 DECEMBRE 2006
La comparaison d’images à haute résolution prises par la sonde Mars Global Surveyor entre août 1999 et septembre 2005 vient de permettre la mise en évidence de traces d’écoulements liquides étonnamment récentes.
L’atmosphère de Mars est si ténue et la température moyenne si basse que l’eau ne peut s’y trouver durablement à l’état liquide. Pourtant, les traces nouvellement relevées, avec leurs embranchements digitaux et la fluidité avec laquelle elles suivent les contours des obstacles, évoquent irrésistiblement un écoulement d’eau liquide.
Hypothèse envisagée : une eau très chargée en sels pourrait avoir un point de solidification très largement inférieur à 0°C. La clarté des dépôts qui semblent recouvrir ces traces d’écoulement pourraient justement être due à la présence de ces sels, déposés là par l’eau avant qu’elle n’entre en ébullition sous l’effet de la très faible pression une fois vidangée de sa poche. Cette poche pourrait également s’être vidée avec une pression et un débit suffisants pour laisser les traces constatées, s’étendant sur plusieurs centaines de mètres, avant que l’eau ne s’évapore totalement.
Ces images sont le meilleur argument jamais avancé à l’appui de l’idée selon laquelle des poches d’eau pourraient encore se trouver à l’état liquide sous le sol de Mars aujourd’hui. Naturellement, cette découverte ne manquera pas de relancer les spéculations sur une possible vie martienne, l’eau apparaissant comme l’un des principaux ingrédients nécessaires à l’apparition et au maintien de la vie. Rappelons que sur Terre, certaines bactéries sont tout à fait capables de proliférer dans des milieux extrêmement salés, comme le lac Mono en Californie.
Quoi qu’il en soit, cette découverte confirme le fait que Mars, longtemps considérée comme une planète morte, reste un monde étonnamment actif sur des échelles de temps inférieures à la dizaine d’années.