Choses vues et entendues à l'ASTROFEST 2013

article de Didier Jamet
13 FEVRIER 2013

Les 8 et 9 février dernier se tenait au Kensington Conference and Events Centre de Londres, la 21ème édition d'Astrofest, un salon organisé par le magazine Astronomy Now.

Plus de 30 exposants installés sur trois étages constituaient la partie exposition. Parmi eux, quelques-uns des principaux fabricants de matériel d'astronomie et astrophotographie, quelques magasins et revendeurs, des institutions telles que le Royal Observatory de Greenwich ou des stands représentant diverses universités ou encore des éditeurs spécialistes en la matière.

La partie conférence de l'évènement se divisait en quatre séances au cours desquelles se succédèrent différents conférenciers. La séance la plus populaire fut celle du samedi, en particulier la dernière heure du weekend où plusieurs « célébrités » étaient réunies pour rendre hommage à Sir Patrick Moore. Pour le public français, ce nom n'évoque peut-être pas grand-chose, cela dit, outre-Manche, il est synonyme, tout en restant modeste, de légende. Sir Patrick Moore fut l'auteur de nombreux ouvrages, notamment d'une carte lunaire très détaillée ayant été utilisée par les Russes lorsque ceux-ci entraient en course pour être les premiers à poser le pied sur la Lune. Mais Patrick fut surtout célèbre pour avoir animé l'émission télévisée mensuelle The Sky at Night sur BBC, pendant, tenez-vous bien, 55 ans ! Il fut sans aucun doute la source d'inspiration pour plusieurs générations d'astronomes amateurs. Patrick est décédé en décembre dernier à l'âge de 89 ans. Astrofest avait donc, comme il se doit, décidé de lui rendre hommage en invitant quelques-uns de ses amis et co-présentateurs de l'émission. Parmi eux, le jeune et talentueux Professeur Brian Cox, lui aussi un présentateur très en vogue, ou encore le guitariste de Queen, Brian May, ami et co-auteur d'ouvrages avec Patrick.

Malheureusement, les séances du samedi affichaient complet depuis déjà longtemps. Néanmoins, j'ai eu la chance de pouvoir assister à celle du vendredi après-midi. Plusieurs centaines de personnes avaient pris place dans l'auditorium, des jeunes, des moins jeunes, des familles.

La première séance, animée par Brigette Hesman, scientifique travaillant pour la NASA, aborde le sujet de l'astronomie au sommet des montagnes, en particulier le Mauna Kea, à Hawaï où Brigette a participé à des missions d'observation utilisant le spectromètre Celeste. Brigette nous fait part des difficultés qu'impliquent le travail en altitude, où le corps et l'esprit se comportent différemment. Grâce à des photos et à des commentaires sur le travail de l'équipe, Brigette nous montre l'envers du décor de ces missions d'observation. Elle nous apprend également qu'un des télescopes de Mauna Kea est en vente ! Alors, si l'un d'entre vous souhaite acquérir le UKIRT, télescope infrarouge de 3,8 mètres de diamètre, faites-vous connaitre !

Puis c'est au tour d'Alan Bond, l'ingénieur à la tête de la société Britannique Reaction Engines Ltd, de nous présenter le programme Skylon. L'objectif de ce programme est de construire un engin spatial capable d'aller-retour, c'est-à-dire de décoller comme un avion sans l'aide de fusées et, après une période en orbite, d'atterrir comme le faisaient les navettes spatiales américaines. Alan nous explique le principe du moteur SABRE, un réacteur hypersonique devant équiper l'engin, et nous parle d'essais concluants effectués en octobre dernier. Cet appareil permettra d'approvisionner la Station spatiale internationale en matériel ou de placer des satellites en orbite. L'engin sera également en mesure de transporter des passagers. Un des avantages du Skylon est sa fréquence de vol, en effet, seulement deux jours à terre après un vol suffiront avant le décollage suivant. Alan estime le premier lancement à 2023.

Première partie terminée, place au tea break ! Cette pause est l'occasion pour moi d'assister à une chose très prisée des britanniques : faire la queue pour une tasse de thé ! Je renonce au rafraichissement pour déambuler, tant bien que mal, parmi les stands de l'exposition. Les différents participants sont tous très ouverts et disponibles pour dispenser des conseils, et surtout, le salon est l'occasion de profiter d'offres spéciales. Me voilà ainsi propriétaire d'un nouveau télescope de type Maksutov.

Place maintenant au Professeur Ian Bonnell, de l'Université de St Andrews en Écosse, pour nous parler d'étoiles super-massives. Ces étoiles, dont la masse peut-être, on le sait maintenant, de plus de 150 fois la masse du Soleil, sont très rares, elles représentent environ 0,06 % du nombre d'étoiles dont la masse a été calculée. Ian procède à une démonstration de l'effet Doppler, parfois utilisé pour le calcul de masse stellaire, grâce à une ficelle au bout de laquelle se trouve une petite boule qu'il fait tournoyer et siffler près du micro de son pupitre, amusant ! Il nous fait découvrir des simulations numériques sur la formation d'amas stellaires où ces étoiles super-massives sont susceptibles de se développer, par l'intermédiaire d'accrétion de gaz voire même de fusion avec d'autres étoiles.

Pour terminer, Barry Madore entre en scène. Barry est, entre autres, chercheur à l'Observatoire de Carnegie, en Californie, mais également un des principaux collaborateurs du projet GALEX (Galaxy Evolution Explorer), un télescope mis en orbite en 2003 et destiné à l'observation de galaxies dans l'ultraviolet. Ces images prises dans l'ultraviolet nous offrent une vision différente de ce que nous pouvons observer dans la lumière visible.

Par exemple, notre voisine Andromède apparait légèrement différente dans l'UV où son bulbe composé d'étoiles âgées semble être beaucoup plus discret. De même que la barre des spirales barrées qui devient plus difficile à cerner ou encore la galaxie de la Roue du Chariot qui en perd son moyeu ! Entre autres, l'observation dans l'UV permet de discerner des régions au-delà du disque galactique jusque-là insoupçonnées. Enfin, la cerise sur le gâteau en matière de découvertes réalisées par GALEX ne concerne pas une galaxie, mais la trainée laissée par l'étoile binaire Mira, telle une queue de comète qui s'étend sur environ 13 années-lumières.

Ainsi s'achève pour moi, le salon Astrofest 2013. On peut peut-être déplorer un manque d'espace (ironique pour un salon sur l'astronomie...) pour naviguer librement entre les différents stands de l'exposition, car les trois foyers mis à disposition des exposants ne semblent pas constituer une surface suffisante pour un tel évènement. Une autre salle pour la prochaine édition ? Quoi qu'il en soit, ce fut une expérience agréable et enrichissante, un évènement accessible à tous, astronomes en herbe ou avertis, chacun y trouve son compte.

Dans notre dictionnaire de l'astronomie...

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