article de Patrick Babayou
11 NOVEMBRE 2022
Les votes ont été un moment serrés mais c'est finalement Julien Looten qui a emporté, largement, pour la désignation de l'image d'astronomie préférée des lecteurs de Ciel des Hommes parmi les APOD publiées au mois d'août dernier. Comme nous l'avions fait pour le précédent lauréat, Marc Sellés Llimós, nous avons proposé à Julien Looten d'être interviewé pour contribuer, ainsi, à sa notoriété plus que méritée selon nous.
Bonjour Julien, vous êtes un jeune photographe tout en étant étudiant. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Quelle discipline étudiez-vous ? Où vivez-vous ?
Je m'appelle Julien Looten, j'ai 22 ans et je suis originaire d'Arras dans le Pas-de-Calais. J'ai obtenu une licence d'archéologie à Lille, et suis actuellement en Master 2 à Bordeaux. Je souhaite me spécialiser dans la production matérielle au Paléolithique (industrie lithique, art) en mettant l'accent sur les nouvelles méthodes d'imagerie, notamment la 3D.
Comment la photographie est-elle devenue une passion ?
Ma passion pour la photographie est fortement liée à l'astronomie. Quand j'étais enfant, mon père sortait souvent le télescope dans le jardin pour observer les planètes et m'apprendre l'astronomie. Il y a 5 ans, l'idée m'est venue d'acheter un appareil photo pour capturer ce que nous voyions dans l'oculaire du télescope. Je n'aurais jamais imaginé, à l'époque, que la photographie prendrait une telle place dans ma vie.
Ce qui me plaît, c'est de lier l'astronomie au patrimoine français, et de lier l'art à la science. Cela se traduit par des photographies de la Voie lactée au-dessus de moulins, châteaux, chapelles, dolmens... Tout cela en s'éloignant le plus possible de la pollution lumineuse des villes.
Qu'est-ce que la publication par l'APOD a changé dans votre vie ? Dans vos projets ?
J'ai vu la publication de l'APOD comme une récompense, un retour pour mes nombreux efforts. L'astrophotographie est une discipline complexe où la patience est de rigueur. J'ai mis des mois à assimiler la technique, et à me familiariser avec le matériel, parfois à m'arracher les cheveux... À un moment donné, j'ai même hésité à abandonner.
Aujourd'hui, il m'arrive de passer des nuits dans le froid pour obtenir une seule image... Le ciel nocturne recèle des merveilles : nébuleuses, galaxies, amas d'étoiles... Une aubaine pour tout photographe. L'effort en vaut la peine. Cette récompense APOD me motive encore plus, et me pousse à me surpasser.
Météorite et Voie lactée au-dessus de la Méditerranée
Dans le texte de l'APOD, vous parlez de votre père qui « s'est un jour fait un devoir de vous enseigner le ciel ». Que vous a-t-il appris ?
Aujourd'hui, je sillonne la France, souvent seul, à la recherche de « spots » propices à l'astrophotographie (des Hauts-de-France au Sud-Ouest, en passant par l'Indre-et-Loire et le Var).
Lors de la réalisation de l'image choisie par l'APOD, j'ai eu la chance d'être accompagné de mon père. Ce moment de partage m'a rappelé mes souvenirs d'enfance, lorsqu'il se tenait à côté de moi pour m'apprendre l'astronomie. Il m'expliquait les paramètres à prendre en compte pour bien observer le ciel (éviter l'humidité et la pollution lumineuse, régler le télescope à la bonne température, le choix des oculaires/grossissements). Nous étions souvent à la recherche de la tache rouge sur Jupiter ou de la division Cassini sur les anneaux de Saturne...
Des moments d'évasion à l'origine d'une passion commune, entre père et fils.
Et que lui apprenez-vous à votre tour ?
Lors de cette séance photo au Dramont, je lui ai présenté ma façon de faire des photos de nuit : l'intérêt de la longue exposition, des panoramas, ou encore le choix des réglages et de la composition...
Vous travaillez avec quel matériel et quels logiciels ? Et une image comme celle de l'APOD, c'est combien de temps de préparation, de post-production ?...
Pour les images du ciel profond (nébuleuses, galaxies...), j'utilise un télescope Skywatcher 200/1000 sur une monture NEQ6 Pro goto. J'utilise un reflex Canon 6d défiltré. Défiltrer un appareil photo permet au capteur d'accumuler plus d'informations, notamment dans l'infrarouge. Sans défiltrage, il est difficile de capturer des nébuleuses rouges comme la célèbre nébuleuse de la Tête de cheval ou la nébuleuse de la Californie. Pour une seule image, j'expose parfois pendant plusieurs nuits complètes (plus de 10 heures) pour obtenir un maximum de détails. Les images sont traitées avec plusieurs logiciels dédiés tels que Siril, Sequator ou Photoshop, pour ne citer que les plus connus.
L'image comme celle de l'APOD, c'est à dire du « nightscape » demande moins de temps d'acquisition, environ 5 minutes pour celle-ci. Elle est prise non pas avec un télescope, mais avec un objectif classique (Sigma 28mm f/1.4). Le temps de post-production est variable, entre 15 minutes et 1 heure (assemblage du panorama, correction de la balance des blancs, réduction du bruit, amélioration du contraste.... « réglages classiques »).
Mes images sont authentiques, je ne fais jamais de composites/fakes
Pouvez-vous nous en dire plus sur « Lille Aux Artistes » où l'on peut retrouver vos images ?
Lille Aux Artistes est une plateforme de promotion des artistes (photographes, peintres, chanteurs et danseurs) de la région Hauts-de-France et de vente d'oeuvres d'art. J'ai rejoint ce groupe en novembre 2020. Son objectif est de promouvoir la jeunesse et le patrimoine local. J'y vends une partie de mes photos sur tirage papier.
Nous vous souhaitons de nombreuses ventes parmi nos lecteurs ! Grand merci pour le temps que vous nous avez offert !
Merci à vous. Je suis honoré que ma photographie ait été choisie comme « image préférée APOD » du mois d'août.