article original publié par Science @ Nasa
auteur : Trudy E. Bell
traduction de Didier Jamet
25 OCTOBRE 2002
J’en étais là lorsque ma voisine Cindy sortit sa voiture dans l’allée à reculons. Je l’appelai alors en lui faisant signe de regarder en l’air. Elle descendit de voiture et suivit mon conseil. Alors ses yeux s’écarquillèrent et la mâchoire lui en tomba. « Est-ce que c’était prévu ? » dit-elle avec empressement. « Les gens étaient au courant que ça allait se passer ? Comment savoir quand regarder ? »
Non, lui expliquai-je alors, ce genre de phénomène atmosphérique ne peut pas être prévu aussi précisément que les éclipses ou les pluies d’étoiles filantes.
Voir un tel spectacle se rapproche plus des chances que vous avez de voir passer des oiseaux rarissimes dans votre région lors de leur migration : à partir du moment où vous avez identifié les conditions météo favorables, il faut simplement s’en remettre à la chance.
De plus, chaque spectacle offert par les cristaux de glace est unique, tout comme un kaléidoscope ne vous donne jamais la même image, et pour des raisons assez similaires. Les phénomènes qui se produisent à la lumière du jour dépendent de l’inclinaison des cristaux de glace dans l’air et de l’altitude du Soleil. Ils varient également selon que les cristaux de glace ont grossièrement la forme d’assiettes plates ou de crayons.
La taille est aussi un facteur important (au moins 0,1 millimètre de long), ainsi que la qualité optique. Les cristaux trop petits ou imparfaits ne peuvent jouer leur rôle de prisme. Mais si les cristaux sont d’une qualité qui n’a rien à envier aux pierres les plus précieuses, le ciel entier peut être rempli d’exotiques halos, boucles, arcs, et même croix – ou le parfait cercle parhélique complet qui brillait ce jour-là au-dessus de ma tête dans sa gloire silencieuse !
« Quand on y pense » fit remarquer Cindy en remontant dans sa voiture, « je n’aurais tout simplement rien vu si tu ne m’avais pas dit ce simple mot regarde ! . »
Une fois Cindy partie, je me remémorais ses questions et ses commentaires.
Bien que je sois une astronome amatrice passionnément amoureuse du ciel nocturne depuis 1965, il n’y a guère que depuis 5 ans que je me suis laissée séduire par les charmes du ciel diurne. Et durant cette période, ma propre expérience m’a révélé que des manifestations supposées rares sont en fait plus fréquentes que ne le laissent entendre les livres de météorologie, et aisément accessible à quiconque pense à pencher la tête en arrière.
Maintenant que j’ai pris l’habitude de regarder le ciel une dizaine de fois par jour, j’ai rarement passé une semaine sans en être récompensée – par des halos solaires, gardes solaires, rayons crépusculaires, arcs circumzénithaux, piliers solaires, et maintenant le cercle parhélique complet.
Oui, le ciel diurne regorge de cadeaux inattendus, qui ne vous demandent qu’un moment pour s’offrir à vous. Il suffit de lever les yeux !
Note : les cristaux de glace présents dans l’atmosphère terrestre sont également responsables des anneaux de lumière parfois visibles autour de la Lune ainsi que des piliers de Vénus. Si jamais vous apercevez un pilier solaire ou un halo peu avant le coucher du Soleil, il y a de fortes chances pour que les astres nocturnes qui se lèveront quelques heures plus tard soient eux-aussi auréolés de lumière.
Quelques liens pour aller plus loin (en anglais)
Explication des phénomènes atmosphériques
Le plus bel album de halos solaires, par Pekka Parviainen