Une sonde interplanétaire va frôler la Terre le 9 octobre

article de Thibaut Alexandre
7 OCTOBRE 2013

Vue d\'artiste du survol de la Terre par Juno
Vue d'artiste du survol de la Terre par Juno

NASA/JPL - Caltech

Lancée le 5 août 2011, la sonde américaine Juno doit survoler de près notre planète dans la nuit du 9 au 10 octobre. Cette manoeuvre a pour but de lui donner le coup de fouet nécessaire afin de se propulser vers la planète Jupiter, objectif de la mission. A cette occasion, les astronomes les mieux équipés pourront observer et photographier la sonde.

Juno a été lancée avec succès le 5 août 2011 depuis Cap Canaveral, en Floride. Sa destination : Jupiter, dont elle doit reconstituer l'histoire de sa formation et de son évolution. Et pour cela, Juno doit survoler notre planète dans la nuit du 9 au 10 octobre. Cela peut paraître paradoxal de revenir vers la Terre quand on veut aller si loin, mais c'est une procédure tout à fait classique. Il s'agit de la technique d'assistance gravitationnelle, inaugurée par les sondes Voyager dans les années 1970 et 1980 : survoler de près une planète afin de modifier la trajectoire et la vitesse d'une sonde, ceci afin d'économiser du carburant.

Les sondes envoyées vers d'autres planètes utilisent fréquemment l'assistance gravitationnelle : on citera pour mémoire Galileo, une autre sonde à destination de Jupiter, qui avant d'arriver autour de la géante du Système solaire, survola Vénus le 10 février 1990, puis deux fois la Terre le 8 décembre 1990 et le 8 décembre 1992. Plus récemment, la sonde Cassini-Huygens, lancée le 15 octobre 1997 à destination de Saturne, survola deux fois Vénus, le 26 avril 1998 et le 24 juin 1999, la Terre le 18 août 1999 et enfin Jupiter le 30 décembre 2000.

La sonde Juno n'a pour sa part besoin que d'un unique survol de la Terre. Celui-ci se fera dans quelques jours, dans la nuit du 9 au 10 octobre. Au plus près, Juno passera à seulement 559 km au-dessus de la surface de la Terre, au large de la ville de Durban, en Afrique du Sud. Cette plus forte approche aura lieu à 19h21'25'' TU, soit 21h21 heure de Paris.

A cette occasion, il sera théoriquement possible d'observer la sonde Juno au télescope, et même pour quelques privilégies de la voir directement à l'oeil nu, pour peu que les conditions météorologiques le permettent. Une observation somme toute assez rare, et même unique, car une fois le survol terminé, Juno quittera à jamais la banlieue terrestre en direction du Système solaire externe.

Calmons néanmoins l'enthousiasme naissant de certains : l'observation du survol de Juno ne sera pas facile, et nécessitera un matériel adéquat (télescope, astrophotographie). Comme pour le passage de l'astéroïde 2012 DA14 en février dernier, les observateurs situés aux Amériques seront plutôt mal situés pour observer le passage, et les observateurs situés dans l'Océan Pacifique n'ont quasiment aucune chance d'observer quoi que ce soit. Le survol de Juno sera donc plutôt réservé aux observateurs de l'Afrique, Asie et Europe et de l'Océan Indien, Australie comprise. Et ce n'est pas tout : lors de son survol rapproché, Juno va être amené à passer dans l'ombre de la Terre. Non éclairée par le Soleil, elle sera alors totalement invisible durant une bonne vingtaine de minutes, plus précisément entre 19h19'34'' TU et 19h39'07'' TU.

Le temps fort de ce survol aura lieu entre 18h00 et 20h40 TU, quand Juno sera à moins de 50 000 km de la Terre. D'après le responsable de la mission, Rick Nybakken, ce survol sera pour la sonde un véritable « coup de pied aux fesses » (« a kick in the pants » en version originale), puisque la vitesse de la sonde (déjà rapide!) va être augmentée de près de 26 300 km/h (environ 7,3 km/s), ce qui signifie que la vitesse de Juno va être augmentée de 70%.

Une fois ce survol réalisé, Juno foncera en direction de Jupiter, planète autour de laquelle elle se mettra en orbite durant l'été 2016. Juno étant une sonde de la NASA, elle est soumise actuellement, comme d'autres missions, au fameux « Shutdown », blocage budgétaire américain. La sonde n'est pas mise à l'arrêt pour autant et continue de fonctionner, mais les sites internet de la NASA sont actuellement en suspens : les nouvelles concernant la sonde sont donc pour l'instant inaccessibles. Si aucune solution budgétaire n'est trouvée d'ici le 9 octobre, l'expérience radioamateure visant à dire « HI » (coucou) à la sonde risque bien d'être compromise.

Le prochain survol de la Terre par une sonde interplanétaire aura lieu dans moins d'un an, en août 2014. Il s'agira du retour de l'ancienne sonde cométaire américaine ICE (ex ISEE-3), lancée en 1978. Les responsables de la mission s'interrogent encore sur la suite à donner à ce survol.

Dans notre prochain article, nous vous donnerons des conseils personnalisés pour observer ce passage, suivant votre localisation. Mais vous pouvez d'ores et déjà venir en discuter sur notre groupe Facebook.

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